La mode du XIXème et du XXème siècle a-t-elle favorisé l'émancipation des femmes dans la bourgeoisie ?
La mode a été très importante dans la littérature. Comme exemple, Marcel Proust, avec « Un amour de Swann », décrit des tenues à la mode, qui lui ont procuré des sensations ou des réactions. Le personnage de Swann vit dans un milieu mondain, la mode a une très grande importance pour ces personnes qui se retrouvaient et qui discutaient, leur apparence était sûrement une chose des plus importantes.
Je vais citer quelques descriptions pour démontrer l’importance de la mode dans cette œuvre. Il décrit la femme qu’il aime mais la mode étant si importante, il va décrire tous les petits détails de sa tenue ainsi que de sa coupe de cheveux : « Cette surface unie et plus plane était recouverte par la masse de cheveux qu’on portait alors prolongés en « devants », soulevés en « crêpés », répandus en mèches folles le long des oreilles ; et quant à son corps qui était admirablement bien fait, il était difficile d’en apercevoir la continuité (à cause des modes de l’époque et quoiqu’elle fût une des femmes de Paris qui s’habillait le mieux), tant le corsage, s’avançant en saillie comme sur un ventre imaginaire et finissant brusquement en pointe pendant que par en dessous commençait à s’enfler le ballon des doubles jupes, donner à la femme l’air d’être composée de pièces différentes mal emmanchées les unes dans les autres; tant les ruchers, les volants, le gilet suivait en toute indépendance, selon la fantaisin de leur dessein ou la consistance de leur étoffe, la ligne qui les conduisait aux nœuds, aux bouillons de dentelle, au effilés de jais perpendiculaires, ou qui les dirigeait le long du busc, mais ne s’attachaient nullement à l’être vivant qui selon que l’architecture de ces fanfreluches se rapprochait ou s’écartait trop de la sienne, si trouver engoncé ou perdu. »
Le prochain passage se passe chez la femme qu’il aime, il décrit sa tenue assez légère : « Odette l’avait reçu en robe de chambre de soie rose, le cou et les bras nus. »
L’extrait de ce passage est un moment fort en émotion, Swann est nez à nez avec Odette : « Elle tenait à la main un bouquet de catleyas et Swann vit, sous sa fanchon de dentelle, qu’elle avait dans les cheveux des fleurs de cette même orchidée attachées à une aigrette en plumes de cygne. Elle était habillée, sous sa mantille, d’un flot de velours noir qui, par un rattrapé oblique, découvrait en un large triangle le bas d’une jupe de faille blanche et laissait voir un empiècement, également de faille blanche, à l’ouverture du corsage décolleté, où étaient enfoncées d’autres fleurs de catleyas. »
Ce passage montre le changement de mode de l’époque, l’évolution qui se fait durant toute l’œuvre : « Elle remettait un peu de rouge à ses lèvres, fixait une mèche sur son front et demandait son manteau de soirée bleu ciel avec des glands d’or »
Le prochain passage est constitué de deux extraits, mais ils seront les derniers puisque l’œuvre compte trop de descriptions de ce genre, et que trop de descriptions auraient tué la description. Ces deux extraits se trouvent à la fin du livre : « C’est gentil, tu as mis des yeux bleus de ta couleur dans ta ceinture. _ Vous aussi, vous avez des manchettes bleues. » « Un jour, peu après le retour de ces trois voyageurs, Swann voyant passer un omnibus pour le Luxembourg où il avait a faire, avait sauté dedans, et s’y était trouvé assis en face de Madame Cottard qui faisait sa tournée de visite « de jours », en grande tenue, plumet au chapeau , robe de soie, manchon, en-tout-cas, porte-cartes, et gants blancs nettoyés.»